Touladi au jig pour Dandineux

Touladi au jig pour « Dandineux »

(dans SENTIER CHASSE-PÊCHE – 1994)

par : Bernard Loiseau

Quoi de mieux que le jig pour atteindre les résidences du touladi ?

Plusieurs pêcheurs croient que le touladi n’est accessible qu’à ceux qui possèdent un équipement pour la pêche en profondeur. L’auteur vous propose ici une technique efficace pour pêcher ce poisson avec un équipement léger. 

Comme pour tous les pêcheurs, l’hiver me paraît toujours trop long. Il y a bien la pêche sur glace, mais j’anticipe avec hâte l’arrivée du temps doux. Le printemps signifie pour moi l’ouverture de la pêche au touladi, et au jig s’il-vous-plaît ! En utilisant sensiblement la même technique que pour la pêche au doré, on maximise ses chances, puisque contrairement aux croyances populaires, la truite printanière n’est pas constamment en surface.

En effet, la profondeur où se situe le poisson varie énormément selon, bien sûr, la température de l’eau, mais également selon le regroupement des poissons-fourrage lors de la fraye. Ainsi, nous assistons à une mini migration de la grise. Celle-ci quitte momentanément sa structure afin de se gaver à même cette manne providentielle; la «faim» justifie les moyens.

La technique la plus populaire demeure sans doute la pêche à la traîne. De cette façon, on couvre beaucoup plus de surface et par le fait même, on augmente les chances de rencontrer le poisson tant recherché. Cependant, il est important de garder en mémoire une constante : les touches se font toujours à des endroits bien précis, soit en contournant une île, une pointe rocheuse ou bien en passant au-dessus d’un haut-fond. Une chose est certaine, toutes ces situations ont une chose en commun : ce sont des structures naturelles et c’est précisément à ces endroits que le touladi réside, que ce soit au printemps, en été ou en hiver. Alors, quoi de mieux que le jig pour atteindre ces fameuses «résidences» parfois si profondes !

Depuis dix ans, j’ai fait l’essai d’à peu près toutes les techniques de pêche possibles, le lancer léger, la traîne, le downrigger ou encore la pêche au coup. Et je peux vous certifier que la pêche à la dandinette (jig) est de loin la technique la plus efficace, tant en quantité qu’en qualité, Ce constat s’applique à n’importe quel plan d’eau.  

Près du fond

Le secret réside dans le fait de faire évoluer le leurre de plastique souple le plus près possible du fond. En péchant à la traîne, il est presque impossible de le faire sur de très grandes distances. Les changements brusques de profondeur nous causent de sérieux ennuis. Par contre, au jig, le contact avec le fond est constant; nous augmentons donc nos chances de succès. Cependant, il faut tenir compte du fait que les profondeurs de 60, 75 et même 100 pieds (18 à 30 m) affectent de façon significative le temps de réaction lors d’un ferrage. De telles profondeurs nous incitent donc à avoir un équipement approprié.

Le choix de la canne est très important. Elle doit être courte, rigide et sensible. Ces trois conditions sont essentielles puisqu’elles contribuent à minimiser l’effet de profondeur. Il est donc primordial d’avoir une canne qui répond rapidement et efficacement tant aux morsures qu’aux ferrages. Peu importe le moulinet, il doit être robuste et pouvoir contenir beaucoup de monofilament. Ce dernier, de petit diamètre, allié à la souplesse donne une action encore plus naturelle au jig.

Le touladi est une espèce de poisson qui est plutôt lente à saisir l’appât. C’est pour cette raison que l’utilisation d’un jig léger est nécessaire. Ainsi, son action est beaucoup plus lente lors du dandinement. Plusieurs pêcheurs croient, à tort, qu’il faut utiliser des leurres plus lourds pour atteindre certaines profondeurs. Pour ma part, des têtes de jig rondes de 1/4, 3/8 et 1/2 once, peu importe la couleur, me donnent d’excellents résultats.

Pour ce qui est du corps de plastique souple, plusieurs compagnies nous offrent toute une panoplie de formes et de couleurs. Mon expérience m’incite généralement à utiliser les « Curly Tail» (4,75 et 5 po), de même que les «Action Tube » (2,5 et 3 po). En termes de couleurs, le blanc, l’orange et le bleu viennent en tête de liste.

Finalement, le sonar peut s’avérer une pièce d’équipement très utile. Peu importe sa qualité, il est important d’avoir des informations sur la forme des structures sous-marines, sur leur profondeur et, mieux encore, sur le touladi lui-même. Si nous ne possédons pas cet appareil, il suffit de prospecter à fond notre lac afin d’en connaître les moindres détails susceptibles de nous faire capturer ces fameux poissons.

Les techniques appropriées

Avant de parler de techniques de pêche en tant que telles, il est important de prendre conscience d’un point essentiel : l’ancrage. Le fait de descendre l’ancre sur la structure diminue vos chances de capture. Donc, dans un premier temps, dépassez la structure potentielle de quelques mètres pour ensuite jeter l’ancre le plus loin possible de votre embarcation. Ensuite, il suffit de reculer le bateau en prenant soin de dépasser le site d’encore quelques mètres pour recommencer avec une deuxième ancre, Vous aurez besoin d’environ 150 pi (45 m) de câble pour chacune des ancres, afin d’explorer une structure qui se situe à 100 pi (30 m) de profondeur.

Maintenant que les deux ancres ont bien touché le fond, resserrez solidement les câbles pour stabiliser l’embarcation au-dessus de la structure. Vous constaterez qu’il est plus efficace de pêcher à l’ancre que de dandiner tout en dérivant.

Outre le fait qu’il faut pêcher dans des profondeurs considérables, la technique de pêche proprement dite s’avère relativement simple. Comme je l’ai mentionné précédemment, la grise est plutôt lente à saisir l’appât, il faut donc présenter le leurre très lentement. Il suffit de laisser doucement descendre le jig jusqu’au fond. Par la suite, nous n’aurons qu’à faire dandiner le jig en effectuant un temps d’arrêt à tous les 6 pouces (15 cm) et ce. jusqu’à 3 pieds (environ 1 m) au-dessus de la structure. Laissez redescendre le leurre en effectuant les mêmes manoeuvres. Il est à noter que la plupart des touches se font lors de la descente du leurre. Ainsi, il est rare de sentir le poisson mordre; seule une légère tension sur le monofilament indique que madame grise est au bout de la ligne. Inutile de vous dire de ferrer rapidement et fermement.

En conclusion, souvenez-vous de certains principes de base comme l’ancrage et la lenteur de présentation. Surveillez également le bout de votre canne, car la moindre touche se traduit par une petite secousse. Finalement, si vous appliquez cette technique sérieusement et que vous persévérez, vous aurez sûrement du succès, et ce toute la saison.