Technique pour grosses grises
(dans QUÉBEC ARCHER Chasse et Pêche – 1988)
par : Jeannot Lachance
L’auteur de cet article est un connaisseur en pêche à la truite grise et il possède plus d’une vingtaine d’années d’expérience dans le domaine. Il nous fait connaître dans les lignes qui suivent une technique très productive pour ce genre de pêche. Simple et efficace, cette technique a été développée et améliorée avec une grande ingéniosité. Suivons-le dans son récit et peut-être pourrons-nous arriver à des résultats aussi performants.
Les récits de pêche entendus de part et d’autre jumelés à mon expérience m’ont amené à capturer avec une certaine facilité l’un des poissons les plus difficiles à prendre par les débutants, la truite grise. Ce poisson de fond est très combatif et pour arriver à en faire régulièrement la capture, un minimum de technique est nécessaire. Aux quelques renseignements qui vont suivre un seul ingrédient manque : la patience.
Il y a une vingtaine d’années, j’ai commencé à pêcher la truite grise et je suis encore passionné pour la pêche de ce poisson. À l’époque, je le pêchais avec une ligne de cuivre à laquelle j’attachais un poisson nageur. Aujourd’hui, je me sers d’une canne à downrigger de neuf pied de longueur, à action moyenne, et d’un moulinet à bobine rotative avec mesureur de ligne intégré, rempli de ligne d’acier (monel) de 16 livres de résistance. J’ajoute à cet ensemble un avançon d’une trentaine de pieds de longueur, j’y attache un streamer plombé et je m’organise pour gratter le fond de façon systématique afin d’aller «chercher» les grosses grises là où elles se cachent.
Pendant les longs hivers durant lesquels le cerveau travaille plus que les cannes à pêche, l’idée m’est venue de plomber la hampe de l’hameçon pour la déséquilibrer. Avant de confectionner mon streamer, j’ajoute un bout de ligne plombée que j’attache sous la hampe de l’hameçon en prenant soin de placer la pointe de celui-ci vers le haut. Cette façon de faire évite les accrochages du fond et est tout aussi efficace pour ferrer la truite.
Je commence à pêcher la grise vers le 15 mai sur les hauts fonds, à entre 25 et 30 pieds de profondeur, à une vitesse de 0.2 à 0.4 mille à l’heure. À mesure que l’été avance et que l’eau se réchauffe, je me sers de mon profondimètre (sonar) pour localiser les truites avec précision. Il arrive fréquemment que je doive pêcher à des profondeurs aussi grandes que 90 et 100 pieds. La méthode que j’utilise demeure la même, mais la profondeur change. La longueur de ligne à laisser sortir du moulinet varie. À ce sujet, vous pouvez consulter le petit tableau ci-contre pour vous aider à commencer l’emploi de cette technique.
Personnellement je remets 99% de mes prises à l’eau; je n’en conserve qu’une à l’occasion. Je prends bien soin de ne pas les blesser en les manipulant et de les remonter très lentement pour permettre la décompression. Si vous procédez de cette façon, vous remarquerez la plupart du temps des bulles d’air que les poissons rejettent à mesure qu’ils remontent. La remise à l’eau est pour moi un moment de joie et un acte de respect de mon adversaire.
Un moulinet avec mesureur de ligne intégré et une canne à action moyenne sont les deux accessoires à posséder pour arriver à gratter le fond de manière régulière et efficace.
L’an dernier, j’ai fait de grosses prises dans les Cantons de l’Est. La plus petite truite pesait 13 lb. et la plus grosse, 17 lb. Les lacs Memphrémagog, Massawipi, Mégantic et le grand lac Brompton sont des endroits où les grosses grises abondent. ***
Même s’ils ressemblent à des streamers conventionnels, ces deux streamers sont plombés. Le plomb permet au leurre de frotter le fond tout en réduisant les risques d’accrochage.
Merci Jeannot, de m’avoir donné le goût de pêcher avec des streamers, c’est la méthode que je préfère. (MV)