À quelle profondeur se trouve la grise à l’ouverture

À quelle profondeur se trouve la grise à l'ouverture ?

(dans Sentier Chasse-Pêche 1999)

par : Patrick Campeau

Tout le monde le sait, la truite grise ou si vous préférez le touladi, se capture près de la surface, à l’ouverture. À cette période de l’année, les eaux n’ont pas encore pu profiter de la chaleur diffusée par le soleil, pour se tempérer. La truite grise recherche une zone de confort qui se situe habituellement entre 10 et 12 degrés Celsius. Il n’est pas rare qu’à l’ouverture de la pêche aux salmonidés, certains plans d’eau soient encore recouverts de glace. La température de l’eau se situe alors entre 0° et 4° Celsius, soit juste au dessus du point de congélation. L’eau est dans son état le plus dense et plus lourd à 0°, 4° Celsius. C’est lorsque les eaux atteignent ce degré et cette densité que les lacs vont caler. Puis, elles vont se réchauffer graduellement en profondeur, au cours des semaines suivantes. Donc, pour retrouver une zone plus confortable, plusieurs espèces de poissons se dirigeront vers les eaux de surface. C’est là que l’eau sera plus tempérée. C’est pour cette raison précise que la grise se capture en surface au printemps. Puis, elle descendra vers les profondeurs, plus tard en saison, là où les eaux seront devenues plus confortables pour elle. Logique n’est-ce pas!

Voici une histoire véridique qui s’est déroulée le 28 avril 1999. Il était environ 4h30 du matin, j’étais en route vers le lac du Cerf, avec un gars qui pêche sur ce lac depuis presque 50 ans, Jacques Defoy. La veille, ce dernier m’avait demandé d’apporter sans faute mes downriggers. Il fait toujours des farces et joue toujours des tours à tout le monde. Mais devant son insistance, je n’ai pas pris de chance et je les ai apportés, au cas où. Arrivés à destination, nous sommes un peu étonnés de constater que plus du ¾ du lac est encore gelé. Nous mettons le bateau à l’eau et comme je viens pour partir, il me dit:  » où sont tes downriggers ? « , Je rétorque en disant :  » Il y a encore de la glace sur le lac, est-ce que tu veux me niaiser ou quoi ? ». Il me répond que non, en me disant que je verrai bien. J’installe donc mes deux Scotty électriques et nous partons.


Nous commençons à pêcher à la traîne avec des Rapala. Mon guide me dit que nous pouvons capturer des grises ou des ouananiches en surface, mais que c’est meilleur en profondeur pour la grises. Après plus de 90 minutes, nous n’avons réussi à capturer qu’une seule petite truite. Jacques me dit alors :  » Vas-tu te décider à pêcher en profondeur ? « . Je lui demande à quelle profondeur et il me répond sans broncher : 120 pieds. Nous descendons donc nos boulets équipés des deux mêmes leurres vers les bas fonds. Dès la première passe, nous avons eu droit à un doublé. Puis, par la suite, nous avons capturé quelques autres belles truites.

C’est alors qu’il m’expliqua que les touladis ont deux choix : Soit de monter en surface pour profiter de la belle température ou plutôt de demeurer à proximité de leur source de nourriture. Voyez-vous dans ce plan d’eau, les touladis se nourrissent principalement de cisco. En trouvant le garde-manger, nous trouvons les truites…  » Dans les prochaines semaines, un certain pourcentage de truites vont remonter vers la surface, mais en tout temps nous en capturerons au fond  » de me confier Jacques.

Cette journée fut vraiment enrichissante. J’ai capturé des poissons dans des conditions que je n’aurais jamais envisagées. Puis, nous avons eu droit à un spectacle incroyable : le reste du lac a calé, alors que nous y étions.

Cette situation se produit certainement ailleurs. Dorénavant, j’aurai l’œil ouvert.


Donc, la prochaine fois, ne partez pas avec des idées préconçues, comme je l’ai fait, vous pourriez manquer une belle occasion de vous enrichir en expérience en plus d’attraper de belles prises.